Prescription de l’activité physique dans l’asthme : Patients et Médecins à nous de jouer !Focus sur l’asthme et l’activité physique

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Prescription de l’activité physique dans l’asthme : Patients et Médecins à nous de jouer !Focus sur l’asthme et l’activité physique

Comme dans toutes les pathologies chroniques l’activité physique adaptée (APA) occupe ou devrait prendre une place centrale dans la vie des patients asthmatiques.

En 2025 malheureusement nous partons de loin : les patients asthmatiques réalisent moins d’activité physique que le reste de la population. Des habitudes sont prises dès l’enfance et ont tendance à s’accentuer à l’âge adulte.

Des préjugés anciens remontant à une époque où l’arsenal thérapeutique était insuffisant et où la notion de contrôle de l’asthme n’était pas établie, associaient l’activité physique à un risque de détérioration de la santé des jeunes asthmatiques. Bon nombre d’entre recevant un certificat de contre-indication à la « gymnastique » pour le sport à l’école. Les conséquences physiques et aussi psychologiques n’étaient pas des moindres tant pour l’enfant que pour l’adulte en devenir qui serait toujours touché par l’asthme.

Qu’est-ce que l’activité physique?

L’Organisation Mondiale de la Santé la définit comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques et qui entraine une dépense d’énergie ».

L’activité physique ne se réduit pas seulement à l’activité sportive puisqu’il s’agit aussi de l’activité physique réalisée lors des loisirs, sur son lieu de travail ou lors de tâches ménagères par exemple.

Qu’est-ce que l’APA?

L’APA est un programme d’activités physiques individualisé à chaque patient selon ses capacités physiques, mais aussi ses goûts et sa disponibilité pour les réaliser. L’APA  est faite par un moniteur diplômé connaissant la pathologie et le patient dont il s’occupe.

Une des sessions du 20è Congrès Francophone d’Allergologie 2025 était dédiée à cette thématique enfin d’actualité avec l’arrivée de la prescription médicale de l’APA.

Quelles sont les contre-indications (temporaires ou définitives) à l’activité physique pour l’asthmatique???

Qui la prescrit?

Le Médecin traitant, le spécialiste pneumologue ou allergologue…

Que sait-on de l’activité physique sur les bronches et dans l’asthme ? Pourquoi cet a priori négatif entre asthme et activité physique? La BIE

L’effort physique s’accompagne forcément et normalement d’une augmentation de la ventilation: chacun sait qu’on respire « plus fort » quand on bouge. Cette élévation de la ventilation provoque entre autres chose une baisse de l’humidification des bronches qui va s’accompagner une réaction de bronchoconstriction induite par l’exercice (BIE).

Chez les asthmatiques, la tendance à la bronchoconstriction est plus marquée et la BIE plus fréquente. Bien sûr, les niveaux de pollinisation et/ou de pollutions sont aussi des facteurs d’aggravation.

Donc si l’asthme n’est pas correctement traité et contrôlé, les crises vont apparaître et l’effort jouera de façon nette.

On sait depuis plusieurs décades que l’activité physique loin d’être délétère est bénéfique, si l’asthme est contrôlé.

  • Les bénéfices se situent aussi sur le plan psychologique et social en plus de l’aspect strictement physique individuel.
  • Le contrôle de l’asthme et la personnalisation de la prise en charge par l’éducation thérapeutique avec la prescription individualisée de l’APA en conséquence font partie de l’histoire d’une vie chez l’asthmatique.
  • La prise en compte de la pollution atmosphérique, des calendriers de pollinisation pour les allergiques aux pollens est toujours nécessaire.
  • En toute logique, les recommandations de la prise en charge de l’asthme mentionnent l’importance de la réalisation d’une activité physique réguliè1

Quelques repères pour comprendre :

Dans les années soixante, le sous traitement de l’asthme était fréquent : seuls étaient disponibles en traitement inhalés les bronchodilatateurs comme la Ventoline.  Les corticoïdes inhalés n’existaient pas encore sans parler des anticorps monoclonaux.

Les corticoïdes par voie générale (orale ou injectable avec les formes retard) étaient certes très souvent efficaces mais ils étaient aussi connus et limités dans leurs leur emploi par leurs effets secondaires (prise de poids, hypertension, diabète, fragilité cutanée et osseuse, immunosuppression insuffisance surrénalienne…. sans être exhaustif).

La notion de contrôle de l’asthme n’existait pas.

Mais en 2025, ces insuffisances thérapeutiques ne devraient qu’être exceptionnelles et le recours à l’APA la norme!

La Bronchoconstriction Induite par l’Exercice (BIE) associée ou non à un asthme correspond à une réduction du calibre des bronches après un exercice.

  • Elle est fréquente dans la population générale (estimée autour de 20 % des jeunes conscrits israéliens lors des tests d’hyperventilation dans une ancienne étude).
  • Elle l’est encore plus dans l’asthme.
  • Elle s’accompagne très souvent d’une période réfractaire : après un premier effort qui va être interrompu, on peut ensuite reprendre cet effort sans gène particulière, tout semble alors normal. Avec le temps la période réfractaire peut disparaître la gêne devient alors permanente.
  • L’interrogatoire n’est pas suffisant pour en réaliser le diagnostic et l’examen de référence est un « test d’hyperventilation isocapnique ». Cet examen consiste à faire faire des respirations rapides et profondes pour provoquer une réaction des bronches. Des spirométries ou examens du souffle sont réalisés régulièrement, au cours de l’examen, pour détecter la diminution ou non du VEMS (Volume Expiré Maximal en une Seconde).

Quelles particularités pour l’asthme allergique? Quelques situations particulières :

  • Asthme de l’athlète : comment explorer ? Comment traiter ?

La Bronchoconstriction Induite par l’Exercice (BIE) associée ou non à un asthme concerne 20 à 70% des athlètes de haut niveau et majoritairement les sports aquatiques, hivernaux et d’endurance. Ce diagnostic est à évoquer chez un sportif qui fatigue et présente une diminution inexpliquée de ses performances sportives. Pour mémoire, le grand champion olympique de natation en 1972 Mark Spitz était aussi asthmatique!

Le traitement des athlètes n’est pas fondamentalement différent de celui d’un patient « habituel ». Le problème ici est la justification en cas de contrôle anti-dopage.

Les traitements médicamenteux consistent en la prise de bronchodilatateurs ou corticoïdes inhalés qui sont autorisés chez les sportifs de haut niveau en respectant les doses prescrites. Il existe également des traitements non médicamenteux comme l’utilisation d’un masque facial par temps froid, un échauffement durant 10 à 15 minutes avec des intervalles d’activité de haute intensité. La BIE sans asthme s’améliore avec l’arrêt du sport intensif.

Dans certains cas, les tests d’effort avec VO2 max peuvent venir en complément pour optimiser la préparation sportive.

  • Asthme, sports aquatiques et plongée sous-marine

Pour tous les sports aquatiques, le contrôle de l’asthme est la clé de l’évaluation à l’aptitude momentanée ou définitive à la pratique. En effet, pour certains patients, l’eau chlorée des piscines peut être un obstacle. Il n’est bien sûr pas possible de recourir au traitement inhalé surtout lors d’une séance de plongée.

Pour la plongée sous-marine, un certificat médical d’aptitude par un Médecin agréé est nécessaire pour la pratique de la plongée sauf lorsqu’il s’agit d’un baptême de plongée.

La plongée n’est pas formellement contre-indiquée chez les patients asthmatiques mais il convient de s’assurer de l’équilibre parfait de l’asthme par un pneumologue.

En revanche, une exacerbation récente est une contre-indication à court terme à la pratique de la plongée.

S’il n’y a pas plus d’accidents de plongée chez les asthmatiques que dans le reste de la population,  des complications spécifiques ont été décrites comme une augmentation de la susceptibilité des petites bronches à se contracter à cause de l’air froid et sec ou encore une contamination du matériel utilisé par des pollens pour les patients avec un asthme allergique.

En conclusion, l’activité physique est recommandée et nécessaire pour tous les patients asthmatiques et un VEMS abaissé ne doit pas être la cause de l’absence d’activité physique. Le traitement doit être adapté et bien suivi avec un contrôle de l’asthme.

L’APA est une prescription médicale qui s’intègre à un programme personnalisé de prise en charge.

Les sports extrêmes, la plongée sous-marine par exemple, sont accessibles aux patients asthmatiques dès lors que leur asthme est contrôlé. Une fatigue inhabituelle et une baisse des capacités sportives chez un sportif de haut niveau doit faire évoquer une bronchoconstriction induite par l’exercice qui peut être prise en charge par des traitements bronchodilatateurs et corticoïdes inhalés sans dépasser les posologies autorisées.

 

Tania ADAM – Médecin allergologue au CHRU de Nancy

 

 

Référence

Lommatzsch M, Brusselle GG, Levy ML, et al. A2BCD: a concise guide for asthmamanagement. Lancet Respir Med. 2023;11(6):573-576. doi:10.1016/S2213-2600(22)00490-8