Changement climatique et asthme, une vraie menace : Quels enjeux ?

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Changement climatique et asthme, une vraie menace : Quels enjeux ?

Le 29ème Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF) s’est tenu à Marseille du 24 au 26 janvier 2025 et a porté un éclairage particulier sur les liens entre les pathologies respiratoires, l’environnement et le changement climatique. Ce thème s’avère particulièrement pertinent à une époque où le réchauffement climatique, la pollution de l’air et l’intensification des phénomènes météorologiques impactent directement la santé respiratoire des individus. Parmi les pathologies respiratoires les plus sensibles à ces évolutions, l’asthme occupe une place centrale, exacerbée par les effets environnementaux en constante évolution.

 

Le rôle du climat dans les maladies respiratoires.

Le changement climatique, dans son ensemble, joue désormais un rôle clé dans l’aggravation des maladies respiratoires. Le réchauffement climatique, l’augmentation de la pollution de l’air et l’intensification des phénomènes climatiques (comme les vagues de chaleur ou les orages) contribuent à l’inflammation des muqueuses bronchiques, facteur déterminant dans l’apparition et l’aggravation de l’asthme. Les hospitalisations liées à des pathologies respiratoires augmentent de manière significative, avec une incidence accrue sur les populations vulnérables, telles que les jeunes et les personnes âgées.

 

– L’impact de la chaleur et du froid

Les effets de la température sur les maladies respiratoires sont bien documentés.

L’augmentation de la température, liée au réchauffement climatique, augmente de 30 % le risque de contracter des pathologies respiratoires, principalement l’asthme. Une étude révèle qu’une élévation de 1°C de la température environnante entraîne une hausse de 1,1 % du risque d’asthme. Ce phénomène touche particulièrement les jeunes adultes et les hommes. La chaleur favorise l’irritation des muqueuses bronchiques, leur inflammation, mais aussi leur déshydratation, ce qui peut entraîner des crises sévères. De plus, une élévation de 5°C de la température ambiante entraîne une augmentation de 3,7 % du risque d’hospitalisation pour les pathologies respiratoires.

À l’inverse, le froid constitue également un facteur de risque important, surtout pour les jeunes enfants et les personnes âgées. Chaque baisse d’un degré Celsius entraîne une augmentation de 2,5 % des présentations aux urgences pour crises asthmatiques. De plus, des températures particulièrement basses augmentent de plus de 20 % le risque de développer des pathologies asthmatiformes.

 

– L’humidité et la qualité de l’air dans les logements.

Un autre facteur environnemental qui influe sur l’asthme est l’humidité. Dans les logements, l’humidité favorise la prolifération de champignons, dont les spores libèrent des mycotoxines qui irritent les muqueuses bronchiques et augmentent les risques de crises asthmatiques. Il est recommandé de maintenir un taux d’humidité compris entre 30 et 50 % pour limiter ces risques. Pour y parvenir, il est essentiel d’adopter des gestes simples, comme aérer les pièces quotidiennement pendant 20 minutes, maintenir une température intérieure entre 18 et 20°C, et installer des absorbeurs d’humidité. Une ventilation efficace, notamment via une VMC dans les cuisines et salles de bains, est également primordiale.

 

Le rôle des allergènes et des pollens.

Le réchauffement climatique joue également un rôle dans l’évolution des saisons allergiques. Le climat plus chaud entraîne une floraison plus précoce des plantes et des arbres, tout en prolongeant la saison pollinique, ce qui a un impact direct sur l’asthme. En particulier, les orages polliniques représentent une menace réelle pour les patients asthmatiques. Lorsqu’un orage survient, l’humidité favorise la réhydratation des particules de pollen, libérant ainsi davantage d’allergènes qui irritent les voies respiratoires.

Ce phénomène a été particulièrement dramatique à Melbourne en 2016. Une saison printanière exceptionnellement chaude, combinée à de fortes précipitations, a entraîné une libération massive de pollen et de spores fongiques. Un orage survenu en novembre 2016 a provoqué une chute de température soudaine et une augmentation de l’humidité, entraînant une explosion des concentrations de particules fines. Cette combinaison a conduit à 814 appels d’urgence pour des difficultés respiratoires, dont 643 considérées comme des urgences absolues, et plusieurs décès dus à l’inhalation de particules fines et à l’augmentation de l’humidité.

 

– Les feux de forêt et la pollution de l’air.

L’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, tels que les feux de forêt, constitue également une menace croissante pour les personnes souffrant de maladies respiratoires. Le réchauffement climatique, couplé à la sécheresse, a conduit à des incendies de plus en plus fréquents dans diverses régions du monde. Ces feux libèrent de grandes quantités de particules fines et ultrafines, qui peuvent se propager sur des milliers de kilomètres, affectant la qualité de l’air et aggravant les pathologies respiratoires. Ces particules pénètrent profondément dans les voies respiratoires, déclenchant ou exacerbant les crises d’asthme.

Le changement climatique, en modifiant les conditions environnementales, devient une menace directe pour la santé respiratoire mondiale. L’augmentation des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de l’air et l’humidité sont autant de facteurs contribuant à l’aggravation des maladies respiratoires, en particulier l’asthme.

Face à ces enjeux, il est impératif de sensibiliser la population aux risques liés à l’environnement et de former les professionnels de santé pour une détection précoce de l’asthme et une gestion adaptée des traitements. Une meilleure prise en charge et une adaptation des soins permettront de minimiser les impacts du changement climatique sur la santé respiratoire, tout en apportant des solutions concrètes pour les individus souffrant de cette pathologie.

 

Alicia MICHEZ, infirmière de Soins Intensifs Respiratoires, CHRU de Nancy.