Interview du docteur Time MULLER concernant les moyens d’action sur l’environnement dans l’asthme.

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Interview du docteur Time MULLER concernant les moyens d’action sur l’environnement dans l’asthme.

L’asthme résulte d’une prédisposition génétique et d’une exposition à un ou plusieurs facteurs favorisants. Quels sont ces facteurs?

Ce sont les facteurs allergéniques respiratoires (pollens, acariens, moisissures, animaux de compagnie), et aussi des facteurs irritants comme le tabac, la pollution (particules fines, combustion du charbon, dioxyde d’azote, l’exposition aux pesticides).

 

Concernant la prédisposition génétique, qu’est-ce que l’atopie, est-ce uniquement respiratoire? Qu’est-ce l’utopie familiale?

L’atopie est la tendance d’une personne à développer une réaction allergique au contact d’éléments de l’environnement normalement sans effet pour le reste de la population.

Les réactions allergiques ne sont pas uniquement respiratoires, elles peuvent toucher différents organes, la peau, le nez, les yeux, l’appareil digestif.

L’atopie familiale est une prédisposition familiale aux allergies telles que la rhinite allergique, l’eczéma infantile, l’asthme.

 

En pratique, lors du bilan d’un asthme, c’est l’interrogatoire qui est déterminant pour faire le diagnostic et orienter vers les facteurs déclenchants. Que recherchez-vous d’abord?

On recherche justement l’existence d’une atopie personnelle ou familiale, et on questionne sur l’environnement à domicile sur la présence d’animaux de compagnies, de plantes, de moisissures, le rythme des symptômes, la coexistence d’autres allergies notamment rhinites et conjonctivites, le tabagisme actif ou passif, le mode de chauffage. On précise toujours la profession exercée chez un adulte car il y a des asthmes professionnels.

 

Est-ce ensuite que viennent les tests allergologues?

Oui, les tests sont très fréquemment réalisés, mais ils doivent être interprétés selon le contexte de chaque patient. En cas de positivité se discutera une éventuelle désensibilisation.

 

Concernant le traitement de l’asthme, l’éviction des allergies responsables ou des facteurs irritants est-elle toujours possible?

Non pour différentes raisons. On ne peut pas empêcher la pollinisation des végétaux, et il est souvent difficile de se séparer d’un animal de compagnie. Mais c’est toujours un point important à réaliser si cela est possible.

 

Quels conseils pratiques retenir ?

Concernant les acariens :on peut retenir les points suivants :

  • L’utilisation d’housses antiacariens intégrales pour oreillers et matelas (qui enveloppent tout le matelas), imperméables aux particules inférieures à 0,1 mm. Elles se remplacent tous les 10 ans, et peuvent être prises en charge par certaines mutuelles.
  • Le passage régulier de l’aspirateur avec filtre HEPA (filtre à air à haute efficacité). Il se trouve dans les magasins d’électroménager et se remplace tous les 6 mois à un an.
  • Le lavage régulier de la literie à 60°C
  • L’élimination des « réservoirs » : peluches, moquettes, tapis, meubles rembourrés, …
  • L’aération quotidienne de la chambre à coucher
  • Le maintien d’une température de la chambre à 19°C

En revanche, l’utilisation de purificateurs d’air semble par ailleurs peu efficace, puisqu’ils n’éliminent que les particules en suspension dans l’air.

Pour les animaux domestiques :

  • Bannir l’animal de la chambre à coucher
  • Laver l’animal de façon hebdomadaire
  • Aérer quotidiennement les lieux de vie
  • Passer l’aspirateur régulièrement en utilisant un filtre HEPA
  • L’utilisation d’un purificateur d’air peut s’avérer bénéfique

En revanche, il faut savoir que les allergènes de chats et de chiens sont retrouvés dans quasiment tous les foyers et lieux publics (par contamination aéroportée) et à des taux de significativité clinique dans 40 % des cas, rendant leur éviction stricte impossible.

Concernant les pollens, on peut envisager les points suivants:

  • Suivre les calendriers de pollinisation et se confiner dans l’habitat lors des pics polliniques
  • Se laver les cheveux, et changer de vêtements en rentrant d’une sortie prolongée lors des pics polliniques, surtout en pleine nature
  • Éviter de sécher le linge à l’extérieur lors des pics polliniques.

 

Vous insistez sur la pollution domestique en soulignant que nous passons 50 % du temps à domicile. Dans quels cas demandez-vous l’intervention d’un conseiller médical en environnement intérieur (CMEI)?

La demande de CMEI a pour but de proposer et adapter les mesures d’évictions conseillées. C’est une prescription médicale recommandée notamment pour les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques, comme les asthmes difficiles, la mucoviscidose, ou encore les pneumopathies d’hypersensibilité.

 

Quel message voudriez passer aux patients?

Certaines mesures d’éviction ont démontré leur efficacité dans la réduction de l’exposition allergénique. Dans certains cas, l’intervention d’un conseiller médical en environnement intérieur peut être nécessaire.

 

Dr Timé Muller – 09.05.2022